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Alexie en route...
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Alexie en route...
  • Québec-Vietnam. Un espace où la parole s'invente... En route entre le passé et le futur, Alexie porte ma voix vers vous. Récit de voyage ou correspondances, textes et images font écho au quotidien et invitent à la rêverie.
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22 février 2012

Bruit régulier des roues sur les rails – retour au 23 décembre 2011

Bruit régulier des roues sur les rails. Banquettes de bois bien verni et passagers de tous âges. On fait à rebours le trajet de Lao Cai à Hanoi. On a quitté Sapa à 6 h 30 ce matin à bord d’un taxi dont Thien, notre guide de la veille, a négocié le coût du service.

*

SAPA. Village enchanteur juchée à1600 mètres d’altitude dans le nord-ouest du Vietnam. On garde un excellent souvenir de l’hôtel Cat Cat Twilight View et de son personnel sympathique et dévoué. Chaque matin, nous y prenions le petit déjeuner installés aux tables posées près de larges fenêtres donnant sur la vallée. On pouvait voir en contrebas quelques maisons pittoresques aux terrasses couvertes de jardins de fleurs, légumes et fines herbes. Tandis que le brouillard se levait progressivement, les collines et les montagnes environnantes surgissaient. Elles nous attiraient; nous étions là pour elles et nous quittions l’hôtel sitôt le repas terminé pour aller à leur rencontre.

On a marché. Dans une direction et dans une autre. Un jour, deux jours, trois jours. On a visité des villages en parcourant des routes de terre et des sentiers de montagne. On a mâchouillé de la canne à sucre fraîche, découvert certains aspects du quotidien des h'Mong, marché dans une forêt de bambous, gravi des escaliers de pierres, traversé un pont pour piétons, goûté des mets locaux, échangé avec des artisanes vendeuses, aperçu des enfants jouant ou nous offrant des bracelets, fait un retour de Cat-Cat village en taxi-motos, vu des cochons, des poules, des coqs, des buffles… parfois un chien, jamais de chats. Mais toujours, le ciel!

Dans Sapa comme tel, on a erré au gré des rues, soupé dans des restaurants aux menus vietnamien et européen, exploré des quartiers aménagés pour les touristes et des quartiers retirés où l’on circulait sur des plus-ou-moins trottoirs qui grimpaient entre les maisons comme des ruelles serpentins. Un soir, on a parcouru le marché local étalé aux extrémités des marches en ciment d’un très large et très très long escalier. Une rue déguisée.

Chaque journée passée à Sapa nous a imprégnés de l’immensité des paysages, de la beauté des ethnies qui y vivent, de leur rapport à la terre, aux autres et au travail. La vie s’y déroule en toute simplicité, dans une sorte de pauvreté et de grande débrouillardise où le sourire s’allume facilement. Les femmes et les filles sont très présentes dans leurs costumes colorés, leurs bracelets, leurs anneaux et leurs colliers. Plusieurs se rendent au marché de Sapa tôt le matin parfois jusqu’à tard le soir pour y vendre leur artisanat ou leurs produits de la terre. Elles franchissent les distances à pied, portant sur leur dos leurs paniers de marchandise quand ce n’est pas leurs très jeunes enfants. Parfois, nous croisons des hommes. Tous vêtus de noir. La couleur est « féminine » chez ces ethnies!

Je nous revois marchant vers Lao Tchai et TaVan. Devant nous, un peu plus loin, une route en construction, à moins qu’il s’agisse d’une autoroute. Cicatrice imposant ses règles, son bruit, déviant quelques cours d’eaux, détruisant des sentiers reliant traditionnellement certains villages entre eux, transformant le quotidien… pour le meilleur et pour le pire. Progrès ou nuisance? Nous sommes fin 2011. Le Vietnam se reconstruit une économie.

*

Dans le taxi qui nous ramène vers la ville au matin du départ, nous accédons une dernière fois au grandiose du paysage qui ne cesse de nous apparaître sous des angles différents aux détours de la route qui serpente sans cesse.

À la gare de Lao Cai, on fait la ligne pour acheter nos billets. Il y a du monde… et plus aucun siège confort (rembourré) disponible. Qu’à cela ne tienne, on voyagera sur les banquettes en bois. Comme les étudiants, les paysans, les moins riches. Tout va bien; cela nous convient! Salle d’attente : je vais aux toilettes – toilettes turques en usage ici comme dans la gare d’Hanoï. Le train arrive. On y monte, trouve nos sièges, range notre sac à dos au-dessus des banquettes, s’asseoit côte à côte. Aurevoir Sapa… et surtout, merci!

Sifflet strident… Signal… Le train se met en branle… On avale en douce ville et ruban de paysage.

Nos sièges en bois sont étonnamment confortables. Gaétan écrit dans son carnet; je regarde dehors par la fenêtre sale. Chacun de notre côté, on est encore à Sapa… lui en mots de papier, moi, en pensée.

Le temps file en même temps que le train qui s’arrête à toutes les gares – coups de sifflet – pour faire monter et descendre des passagers. À tous bouts de champ, des femmes et des hommes équipés de chariots en métal ou de chaudières en plastique remplis de breuvages et de nourriture traversent les wagons pour offrir leurs produits : œufs cuits dur, riz avec sachet de graines de sésame, fruits frais, croustilles, friandises, liqueurs, eau, café, thé glacé, etc. On a l’embarras du choix.

Au cours des heures que dure le trajet (8 heures? 10 heures?), on échange à l’occasion quelques mots avec des gens du pays. En anglais, en vietnamien et par gestes. Les sourires expriment à loisir le plaisir réciproque. C’est le principal! On se reconnaît semblables malgré nos différences et on se le manifeste chaleureusement.

Pour me dégourdir les jambes, je me rends dans l’espace entre deux wagons. Espace tampon où se trouvent les toilettes… turque et occidentale. De chaque côté de l’étroit compartiment, une fenêtre ouverte sur la campagne. Trois Vietnamiens s’y sont réfugiés pour fumer, chose interdite dans la section des passagers. Je me faufile; l’homme adossé près de la fenêtre me cède la place; je m’installe tête au dehors et respire l’air frais. Ça me fait du bien. Je prends quelques photos les sachant d’avance floues à cause des mouvements du train, mais qu’importe! Elles me rappelleront ma transition entre montagnes et campagne, entre le Nord et Hanoï.

Je retourne m'asseoir près de Gaétan. Tout à l'heure, c'est lui qui ira se promener, prendre l'air et capter par la fenêtre des images des champs et des gares, des jardins et des gens!   

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